Alamo, secteur 3, Quartier résidentiel, 66 rue de la Tourte, 1 étage, porte gauche, M. Bautista

Trois jours, trois jours que Karn n'avait rien à faire. Il passait le plus clair de son temps à tourner en rond ou à se balader dans le quartier. Il avait bien envie de dérouiller un ou deux types mais son gabarit et son regard mauvais empêchaient quiconque de lui chercher des noises. La dernière chose qu'il avait fait était de tabasser un type qui avait essayer de violer un pauvre fille. Il l'avait laissé dans un sale état mais il respirait encore. Depuis, il restait chez lui à attendre. Sa clef accroché au mur comme d'habitude. Il n'avait quasiment aucune arme à disposition. Toujours sa manie de se battre à mains nues. Il regardait par la fenêtre crasseuse assis dans un fauteuil aussi crasseux que la fenêtre. Il avait le coude gauche posé sur un bras du fauteuil et il avait les doigts posés sur sa tempe. Il soupira encore. Il était torse nu. Le pieds chaussés dans ses habituelles chaussures communément appelés écrase-m*rdes. Il était plutôt risqués de marcher pied nu dans ce genre d'appartement à cause du plancher pourri monté à la "vas-y comme j'te pousse". Des clous rouillés dépassaient parfait du plancher ou même d'anciens tessons de verre coincés là depuis une éternité.

Les murs de la pièce où se trouvait le colosse étaient nus, comme le reste de l'appartement. Karn n'aimait pas faire la déco, si bien qu'il avait laissé le papier jaunie par les ans là où il était. En fait, à présent, il était même presque devenu marron, à cause de la poussière. On entendait des gouttes qui tombaient. Ce devait encore être le robinet de la cuisine, si on peut appeler cela comme ça, qui devait fuir. A cet endroit, les cafards et les cancrelats grouillaient comme un tapis vivant. On y trouvait aussi deux ou trois rats avec lesquels Karn jouait à chat quand il en trouvait un. La lumière artificielle ne filtrait que peu dans cet environnement crasseux, voire miteux. La saleté des vitres était telle qu'aucune lumière n'aurait pu filtrer, d'ailleurs, Karn ne voulait pas les nettoyer car on pouvait même penser que c'était la crasse qui tenait les vitres debout. Un peu comme avec le reste de l'immeuble, qui ne tenait debout que par miracle. C'en était à se demander comment Karn parvenait-il à voir à l'extérieur. Même le sol était noir. La couche de poussière était si épaisse que si Karn s'était donné la peine de laver une seule pièce, le seau d'eau serait devenu une sorte de boue noirâtre. Mais il avait de la chance, aucun courant d'air ne passait.

En ayant assez de rester ainsi, Karn se leva et alla dormir. Peut-être que cela lui changerait les idées. Son lit était aussi miteux que le reste et il grinça lorsque les 135 kilos de muscles s'étendirent sur lui. Bien que ce bruit de grincement fusse désagréable, Karn était plutôt content d'avoir ce genre d'objet et sa possession. Après tout, l'homme n'avait pas grand-chose. Quelques pantalons, deux paires de chaussures, dont une de rangers, trois tee-shirt, dont un élimé jusqu'à l'os, deux vestes dans un état assez catastrophiques et deux paires de mitaines. Les deux seules choses qui étaient convenables ici, c'était sa clé adorée et lui. Il s'endormit finalement après avoir tourné pendant plusieurs minutes dans son lit. Il ne s'endormit pas profondément, un peu comme lorsqu'il avait été en taule. Il préférait garder un oeil ouvert au cas où... Bien qu'endormi, il entendait le bruit des rats qui courraient dans l'appartement. Son sommeil se fut de plus en plus lourd. Il finit par se mettre à ronfler.

» Karn Bautista dit Umibozu
» Inscription de Karn Bautista dit Umibozu