~ A la sortie de l'Eden

Maître du Jeu Messages : 12 Date d'inscription : 02/07/2008

Suite de la mission : [ Mission ] Contact, ???, L'Eden

Cette partie d'Alamo était décidément celle qui réservait le plus de surprises, bonnes comme mauvaises, même si cette seconde catégorie était nettement majoritaire. Sarah avait néanmoins eu le temps de fumer tranquillement sa cigarette avant que la porte de l'Eden ne soit ouverte de façon un peu brutale, une porte que le proprio allait devoir changer d’ailleurs si on en croyait le délicat bruit de verre brisé qui se répandit dans la pièce.
Oh il ne s'agissait pas d'un client pressé d'entrer et ne mesurant pas sa force, mais d'une bonne dizaine de policiers, armés jusqu'aux dents de fusils d'assaut que la Chasseuse aurait bien voulu voir dans sa collection. Mais à vrai dire, le moment était mal choisi pour vouloir faire ce genre de conneries...
Soudainement, Sarah s'était mise à regretter d'être venue dans cet endroit lorsqu'elle dût s'allonger ventre à terre, les mains sur la tête, avec deux fusils pointés sur elle. Une descente des flics, dans ce bar, pile le jour et l'heure de ce qui devait être un rendez vous entre "collègues" Chasseurs...ça faisait trop de coïncidences en une seule fois pour que cela soit le fruit du hasard. Soit ce projet de réunion avait été ébruité et les Gardiens avaient décidés de l'empêcher, soit...rien du tout, pour O'Connor seule cette explication était plausible.

Elle haïssait ce genre de situation, obligée de courber l'échine devant ces salopards. Car si Sarah éprouvait du dégoût à l'encontre des humains en général, ce n'était rien en comparaison de ses sentiments envers les Gardiens, qui ressemblaient d'ailleurs fortement à de la haine. Cette rivalité entre Chasseurs et Gardiens ne datait pas d'hier, et pouvait même trouver ses fondements dans les premières années de la création d'Alamo, tout ça parce que les premiers faisaient de l'ombre aux deuxièmes en allant tuer les démons.
Jalousie ? Voilà qui s'y apparentait fortement.
Tout en s'efforçant de garder un visage impassible en se relevant sans gestes brusques, Sarah montra ses papiers aux officiers responsables de cette équipe, lesquels la regardaient avec beaucoup d'animosité. Chasseuse c'était une chose, mais en prime Vampire...Sarah commençait à se demander si ils n'allaient pas la foutre en taule juste pour le fun. Ce fût d'ailleurs avec une certaine surprise qu'elle els vit lui rendre ses papiers et lui demander de foutre le camp.
En temps normal O'Connor aurait considéré comme s'en étant bien sortie, mais la confiscation de ses Desert Eagle changeait le tout. Ces joujoux valaient tout de même une petite fortune, mais désarmée et face au nombre d'opposants potentiels, elle dût se contenter de fermer sa gueule et de sortir.

Une fois au dehors, la Vampire marcha quelques instants avant de se dissimuler dans une ruelle toute proche, derrière l'angle d'un mur pour observer ce qui pouvait bien se tramer. Plusieurs véhicules motorisés et d'autres Gardiens se trouvaient là, montant la garde.
Oh ce n'était pas qu'elle se souciait du sort des autres personnes interrogées à l'intérieur du bar, à vrai dire elle s'en foutait un peu, mais elle s'interrogeait d'avantage sur les raisons de la venue des flics tout juste à ce moment. O'Connor n'en démordait pas, quelqu'un au sein de la police savait, pour cette réunion, mais ce qui l'intriguait d'avantage c'était ce qui avait pu les pousser à faire une telle chose. Elle se remémorait ce foutu message laissé sur son téléphone, mais cela ne lui apporta pas d'avantage d'indices sur la question, tout juste se demandait-elle à présent si il n'aurait pas dû être question d'autre chose que de simples contrats à réaliser en équipe.
Plusieurs autres minutes passèrent, puis le reste des occupants sortit. L'un des gros bras qu'elle avait identifiée comme étant sans doute un Chasseur repartait lui aussi libre, en revanche le second et la femme étaient sous bonne escorte et menottés, parés à être emmenés au centre de détention. Cette affaire prenait vraiment une tournure étrange. Pourquoi eux ?

Sortie de sa cachette une fois les véhicules partis, elle fixait ceux-ci en train de s'éloigner d'un regard presque vide.
Ces connards lui avaient pris ses flingues...il y avait de quoi être en rogne non ?
Et puis toutes ces questions sans réponses qui trottaient dans son esprit, ça n'arrangeait en rein les choses. En résumé, la demoiselle était fortement sur les nerfs ce soir.
La suite logique aurait été de rentrer chez elle énervée, mais il n'en fût rien. Elle s'adossa contre l'un des murs extérieurs du bar, sortit une cigarette de sa poche, l'alluma et attendit tout en fumant. Attendre quoi ? Ou plutôt qui ? Et bien celle qu'elle avait furtivement vue sur le haut d'un toit voisin, mais surtout qu'elle avait sentie depuis qu'elle était à l'extérieur.
N'accordant pour l'instant pas la moindre attention à l'humain baraqué qui se trouvait encore dans les environs, elle était certaine qu'une Vampire se trouvait là haut, et si ses sens ne la trahissaient pas, une congénère des plus puissantes et anciennes. Sans doute la dénommée Payne, Sarah y aurait mis sa main à couper.

"Les flics se sont barrés chérie, ramène tes fesses ici qu'on discute, je crois que tu me dois quelques éclaircissements."

La Vampire parlait pour elle même, le regard rivé sur le sol, sa cigarette à peine entamée en main, adossée au mur. Après ce qui s'était passé ce soir, elle était bien décidée à obtenir des réponses à ses questions.

Les forces de l'ordre, la seule chose que Umibozu ne cherchait jamais. Alors qu'il sirotait tranquillement, les forces de l'ordre explosèrent les portes du petit bar, pour la troisième fois ce mois-ci. Karn soupira et exécuta les ordres qu'on lui donnait. Il mit d'abord les mains derrière la tête avant de se coucher calmement. De toute façon, même s'il avait foncé comme un bourrin, il serait mort avant d'avoir touché le premier type, et même avec son arme favorite, il n'aurait pas tenu plus de dix secondes. Le colosse avait donc suivi les ordres à la lettre et il s'était couché calmement.

Alors que les gars en tenue de flic prenait les papiers de chaque personne présente dans le bar, Karn observa les jambes de tout le monde. Vu réduite par le fait d'être couché. Umibozu remarqua des longues et fines jambes sortirent. Sans doute la dernière arrivée. Elle était arrivée une minute à peine avant l'assaut. Elle aurait pu faire partie des leurs, mais la réaction de ces hommes après sa sortie furent équivoque. Ils en parlaient de manière très péjorative, comme d'une suceuse de sang, ou d'un loup dans la bergerie. Mais les loups étaient pas toujours ceux que l'on croyait. Même si Karn ne voyait rien, ses oreilles, elles, captaient tout ce qui se disait.

Après une bonne dizaine de minutes, on demanda à Karn de se lever. Enfin, demander est un bien grand mot, on pointa un canon dans sa nuque massive et on le poussa en avant pour qu'il se lève. Il donna ensuite ses papiers au type qui faisait les vérifications. L'homme lui fit un sourire mi-figue, mi-raisin, en voyant qu'il était un chasseur. Il ne lui fit pas de remarques désagréables à cause de sa carrure. Ensuite, il lui demanda ce qu'était cette énorme clé, Karn en souriant, il lui dit que c'était son outil de travail. Finalement, après avoir discuté et réfléchit avec d'autres de ses collègues, il permit à Umibozu de sortir mais son outil devait rester ici. Alors que Umibozu allait répliquer, les forces de l'ordre commencèrent à lever leur flingues. Il finit par souffler et il demanda calmement comment allait-il pouvoir récupérer son outil de travail. Le chef présent lui répondit qu'il devrait passer par le commissariat central. Karn savait très bien ce que cela signifiait. Jamais il ne pourrait récupérer cette arme. Cela serait la troisième qu'on lui prendrait. Il avait essayé une fois d'en récupérer une, cela avait failli finir par la sortie de Karn, mais les pieds devant. Il souffla et il acquiesça en les remerciant avec politesse. On s'écarta de son chemin et Karn passa sans ménagement, il bouscula quelqu'un sans ménagement avant de se retourner pour s'excuser, le flic ne dit rien et le laissa aller.

Une fois dehors, Karn soupira et regarda autour de lui, il avança tranquillement, restant aux abords du bar. Remarquant alors la jeune femme qui était sorti dans les premières minutes, il l'observa quelques minutes avant de s'en approcher. Détruisant un pan de mur déjà à moitié démoli, en écrasant sa clé dessus. Restant planté, il sourit et il dit avec calme.

"Encore une descente, il ne devait pas avoir suffisamment de types arrêtés. Ils font souvent cela pour remplir leur cota pour la nuit."

Je réfléchissais. Un instant, j’avais fermé les yeux, mes pupilles glacées disparaissant alors sous leur protection de chair qui arrachèrent, par la même occasion, la vision qui s’était collée à ma rétine… Cet homme plongé dans le noir, assis à son bureau, devant une immense baie vitrée qui offrait une vue à la fois magnifique et horrible de la ville souterraine d’Alamo… Les lumières qui se voulaient naturelles disparaissaient peu à peu pour offrir aux habitants de la fourmilière une nuit toute aussi fictive que le jour qu’ils venaient de traverser. Et moi ? Convoquée il y a moins d’une heure, j’avais délesté mon appartement de ma personne pour me promener sous le « soleil » afin de rejoindre le bureau de mon employeur, dans lequel j’avais préféré rester debout au centre de la pièce, mains plongées dans les poches de ma veste.

Lui et moi, on se connaissait bien, à présent. J’avais déjà travaillé pour lui dans le passé et je n’avais jamais eu à m’en plaindre. Malgré ses airs… Malgré son ton strict et sans réplique, c’était un homme de parole qui payait dans les temps la somme qu’il avait annoncé. Mais ce que je préférais chez lui, était sans doute que je n’avais jamais eu envie de lui faire traverser sa baie à cause d’une parole un peu trop déplacée… Il me respectait, sinon seulement moi, les chasseurs qu’il employait. Si j’avais été aussi objective que dans le temps, j’aurais pu croire sur parole qu’il n’avait aucun préjugé et qu’il appréciait autant les vampires et les loups-garous que les humains, mais là j’attendais encore confirmation avant de l’avouer. Que voulez-vous ? La vieillesse m’a rendue aigrie…

Aujourd’hui encore, j’allais travailler pour lui. Il voulait recruter une équipe… Une nouvelle équipe. C’était vrai que, pour l’instant, je travaillais souvent seule. Les dernières missions que j’avais effectuées à l’extérieur ne m’avaient pas mené plus loin que les écosphères où j’avais été engagée pour « remplacer » quelque soldat. Pour ce genre de poste, on faisait souvent appel à des vampires, pour leur vision plus développée la nuit… Mais c’était mal payé et dangereux. Tout peut vous tomber dessus, une fois le soleil couché. Mais j’étais toujours revenue entière, et c’était ce qui comptait.

L’Eden était un bar que je ne connaissais plutôt bien pour y avoir passé des nuits entières, parfois même plus. J’allais devoir y attendre plusieurs personnes. J’en ignorais le nombre, mais les chasseurs étaient plutôt reconnaissables au milieu du commun des mortels qui peuplaient cette ville. Non seulement pour les armes, mais aussi pour leur allure…Ce qui était drôle d’ailleurs. Il ne devait certainement n’y avoir que des psychopathes pour faire ce métier. Et c’était pas plus mal. Je n’aime pas les gens normaux.

Vingt minutes plus tard et me voilà dehors, sur une dernière parole aimable du grand monsieur derrière son bureau et sur un simple au revoir et un accord de ma part pour la mission. Ca avait toujours été comme ça. Et je pense que ce ne sera jamais autrement. Pourquoi serait-ce différent ? … A peine sortie de l’immeuble que l’on me bouscule… On n’a jamais demandé aux humains d’être plus intelligents, parce que l’on sait bien qu’ils ne changeront pas sur un simple coup de tête.

Et je vais continuer ma route sans demander de compte à cet homme. Rien à foutre… Je ne suis guère d’humeur à me battre maintenant… Et pourtant je sens que cette rencontre, ce soir, ne sera guère de tout repos. Un mauvais pressentiment peut-être ?... Baaah… On verra bien…

~

Je hais avoir raison, parfois.
Soupir las…

Perché sur le toit de l’un des bâtiments du quartier, j’observe la porte de l’Eden. Le bar semble calme et rien ne laisse à supposer un rassemblement d’équipe dans cet endroit, pourtant… Quelque chose ne va pas. Une tension palpable dans l’air, quelque sensation d’inquiétude qui plane… On a remarqué plusieurs personnes entrer… Et de mon perchoir, j’ai pu les détailler…

J’avais eu un vague sourire en reconnaissant le premier arrivé, un monsieur qui aimait le sang et que j’étais presque contente de voir présent ce soir. Mais le sourire s’était éclipsé de mes lèvres en voyant, quelques minutes plus tard, apparaître une tonne de muscle. Mon regard s’était alors à nouveau vidé d’émotion et j’avais repris mon observation avec le sérieux qui était le sien à son début. Deux femmes étaient ensuite apparues, dont une me paraissait plutôt louche…

Pendant une bonne demi-heure, j’avais tenu la même position, figée. Accroupie sur un toit, j’observais l’Eden. Cet endroit qui n’avait rien d’un paradis… allait être mon enfer pendant quelques temps si je rentrais. Car, je n’avais rien dit à mon employeur, mais je détestais faire dans le social et rencontrer des gens, avec qui j’allais devoir parler et mettre au point certaines choses… Du moins,… J’en avais marre de toujours avoir à faire à des têtes brûlées sans cervelles. Le rôle de la mère éducatrice commençait à m’énerver : une des raisons pour lesquelles j’avais travaillé seule ces derniers temps.

Et me voilà bougeant… Mais, à ce moment-là, je quitte l’Eden du regard. Autre chose attire mon attention... Et ça s’appelle communément : Police.

C’est là qu’un seul mot me vient en tête alors que je soupire en me cachant un peu plus… « Et merde… ». En quelques minutes à peine, je verrais ces imbéciles de soldat envahir le bar. Une descente de flic plutôt commune dans Alamo, mais elle avait bizarrement eu lieu ce soir… Mes sourcils s’étaient froncés, et ils le restèrent alors que je voyais l’une des vampires et « tas de muscle » sortirent de l’endroit, libres mais sans armes, tandis que Monsieur Sang et Dame Bizarre étaient emmenés, mains liées.

"Les flics se sont barrés chérie, ramène tes fesses ici qu'on discute, je crois que tu me dois quelques éclaircissements."

Je baisse les yeux vers elle, lui lançant un regard tout simplement blasé qui ne voulait dire qu’une chose « Commence à m’énerver et je t’envoie dans le décor ». Malgré tout, faut bien que je descende. Alors je me lève et saute, tout simplement, atterrissant à quelques mètres des nouveaux venus, dans les ombres d’une ruelle proche de l’Eden.

"Encore une descente, il ne devait pas avoir suffisamment de types arrêtés. Ils font souvent cela pour remplir leur cota pour la nuit."

Mon visage restera un moment plongé dans le noir, tandis que je les observe. Je croise tranquillement les bras, secouant vaguement la tête à la remarque du « monsieur », si on pouvait encore appeler ça un homme. En plus, j’aime pas les gens qui croient tout savoir. Et lui semble déjà trop s’y croire. Petit gosse qui a perdu sa grosse clé-clé dans la bagarre et qui essaye de se rassurer avec des phrases inutiles. Tss. Pathétique. M’enfin bon.

« Leurs prisons sont overbookées depuis des mois mais ils s’entêtent à nous mettre des bâtons dans les roues. Ca les amuse, tout simplement… L’information a dû trop les allécher pour qu’ils restent en dehors du coup. »

Je m’avance un peu, mes mains retrouvant le confort de mes poches.

« Ca m’ennuie mais faudra que j’aille chercher les deux autres demain matin lorsqu’ils les laisseront sortir… Moi c’est Payne. »